LE BILLET BEAUJOLAIS

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BAL DU BEAUJOLAIS

un samedi soir en Beaujolais

AVEZ-VOUS DÉJÀ DANSÉ DANS UN BAL DU BEAUJOLAIS ?

Ah les galoches dans les baloches ! que de souvenirs ! que de muqueuses mélangées à partir d’un simple pari !

En effet, à quinze ans, la seule urgence à cette époque était la distribution du journal ! Nous guettions le passage du facteur et sautions sur l’avant-dernière page, à la rubrique « bal du Beaujolais ». Les hormones en ébullition, le « feu au cul » comme disait mon grand-père, nous n’avions effectivement qu’une seule hâte, celle d’être déjà samedi soir !

Oui, parce que dans un bal du Beaujolais, après le pogo endiablé sur la musique des Sex Pistols. Après avoir crié jusqu’à s’en péter une corde vocale que « ça se sent que c’est toiiii » à notre future proie. D’ailleurs considérée comme une redoutable technique d’amorçage ! Arrivait la série tant attendue des slows.

Le gros son de « Still loving you » dans les enceintes tremblantes du DJ agissait comme un inhibiteur olfactif. Plus rien ne nous rebutait. Ni l’odeur de marquise mélangée à la nicotine. Ni celle d’un dégueulon fraichement déposé au pied de l’église. En bref, sur « Still loving you », plus aucune langue n’était sale !

Quelques années plus tard, devant Messieurs le Maire et le Curé, on se souvient la larme à l’œil de cette rencontre romantique. Car en terre Beaujolaise, l’homme ou la femme de notre vie, à peu d’exception près, c’est aux vendanges ou au bal qu’on les rencontre.

Déjà en 1950, Mamie a rencontré papi, un dimanche après-midi. Dans un bal du Beaujolais. Si la tête lui tournait, ce n’était dû qu’aux pas de valse et de java sur le rythme entrainant de l’accordéon. « Autrefois, on savait se t’nir ! ». Les hommes tenaient la portes aux dames et laissaient leurs mains sur les reins. Mouais enfin ça mamie, vu le boulot qu’à eu à faire Madame Veil, je croirai plus volontiers au père Noël !

Quant à maman, c’est sur un bad boy au blouson noir qu’elle a flashé ! Dans un bal du Beaujolais aussi ! Elle entend encore résonner la voix de Michel Delpech et le moteur de la 125 Honda rouge et noire de son nouveau flirt. Qui pour lui éviter de faire n’importe quoi, la ramenait avant minuit devant la maison familiale.

Du reste, les jupes se sont raccourcies, les chaussettes rallongées et les cheveux sont ramenés en une queue de cheval au sommet de la tête. C’est sûr ! les années yéyés et les danses à quatre temps vont congédier Verchuren et sa musette au rang des souvenirs dans le mange-disque !

Par contre, si aujourd’hui encore, les démons de minuit embarquent sur la piste les danseurs déchaînés. Ils risquent davantage de s’aimer sous les sunlights des topiques qui les attendent à la sortie. Si leurs excès dépassent le compteur ou virent au vert. Mais n’empêche que le rock de mes jeunes années vibre encore sous les platines. Enfin… dans la playlist. Indémodable et inimitable !

Et si mes adolescents d’enfants ne visualisent pas la trogne du chanteur de Scorpion, ils emballent encore sur les notes de son désespoir sonore. De temps en temps, du haut de leur chambre, s’échappent les accords de la guitare de Bono et sa bande. Pour le plus grand plaisir de mes esgourdes et accompagné d’un grand «  Ouf ! j’ai pas tout foiré !  ».

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